Suis touchée par vos posts, et surtout par vos multiples mp, témoignant de vos propres expériences, je vais y répondre aussi rapidement que possible.
Dans vos mp, j’ai reçu pas mal de témoignages en tant que maman battue, avec au milieu de tout cela nos enfants. Je vais vous parler de ma propre expérience….
J’ai eu deux ménages, deux espoirs qui ont vite tourné ma vie en cauchemar, entrainant mes fils aussi dans un monde obscur où seule la peur te tient en garde et te maintient en vie.
Le père de mes deux premiers fils était violent, mais à 22 ans j’étais un peu plus naïve, je croyais que c’était la dernière fois à chaque fois qu’il pleurait et me demandait pardon. Je tombais assez souvent des escaliers, moi aussi…j’ai grandi dans cet univers là, c’était assez normal pour moi…. pourquoi ce reflexe d’excuses ? Comme si nous étions nous-mêmes les fautives, les coupables. Jusqu’au jour où il leva la main sur les enfants… je me souviens encore, c’était dans la cuisine, j’avais une poêle lourde dans la main, et à ce moment là elle vola sur sa tête… pas mes enfants, on ne touche pas à mes enfants… la folie meurtrière s’empara de moi. J’avais une arme à l’époque, suis allée la chercher, et je l’ai visé…. J’étais capable de tuer pour mes enfants… mes mains crispées sur l’arme décuplaient ma rage et l’empêchaient de s’approcher de nous…
Mes deux bébés sous les bras, l’arme à la main et en chaussettes, je quittais cette maison au milieu des bois… je marchais sur cette route avec la peur qu’il nous rattrape… s’il venait, je tirerais, c’était évident…
Une fois sortis des bois, je jetais l’arme dans l’eau, et je me suis réfugiée avec mes bébés chez les bonnes sœurs à anglet. Suis partie sans rien, même pas mes chaussures, mais j’avais tout ce qui constituait la richesse de ma misérable vie, j’avais mes fils.
Je me suis reconstruite, peut être est ce parce que je n’avais plus rien que j’ai éprouvé ce besoin de tout posséder matériellement ? Certainement… c’est assez traumatisant de se retrouver dans la rue avec deux bébés…
Deux ans après, je rencontrais un homme gentil, plus âgé que moi et protecteur, je donnais vie à mon troisième fils. Mais je gardais mon appartement, je ne pouvais plus psychologiquement prendre le risque de me retrouver à la rue… Durant ma grossesse il me trompa… comment avais-je pu me tromper deux fois de suite… je lui pardonnais, sans pour autant jamais oublier. Mon but était de réussir une vraie vie de famille, que les enfants grandissent avec un papa et une maman, et il était gentil et rassurant avec les enfants… il était tellement protecteur avec moi, que je ne pouvais plus sortir sans lui, même pas faire les courses, je ne pouvais plus sourire dans la rue, sinon c’était les disputes à la maison. (il était commandant de la guardia civil à urdax, j'étais souvent chez lui, mais j'ai toujours gardé mon appartement). Je travaillais à l’époque à la caisse, à la pitxuri… il restait au coin du bar à me surveiller, pour voir si je souriais aux clients…. Mais comment j’avais pu retomber dans ce système ? Alors que lui me trompais continuellement… sa jalousie fut un jour si étouffante que je décidais de le quitter, et ce moment là, il leva lui aussi sa main sur moi, me cassant trois doigts, m’empêchant à jamais de rejouer convenablement au piano. Il venait de me voler une autre partie de moi. A ce moment là ce fut pour moi fini, je décidais de vivre seule avec et pour mes enfants.
Nous avons tous un traumatisme quelque part, nous avons tous une ‘honte’ dans le passé. Pour moi, depuis que je vous connais, votre amour m’a permis de m’aimer moi-même, de devenir moi-même, et d’enfin parler librement de ce passé obscur… j’en suis délivrée, mais… on ne m’y reprendra plus…